La Belgique a brillé pour la troisième fois en cinq jours sur les routes du Tour de France. Après Dylan Teuns (Bahrain-Merida) sur La Planche des Belles Filles et Thomas De Gendt (Lotto-Soudal) à Saint-Étienne, voici Wout van Aert (Jumbo-Visma) à Albi, vainqueur d’un sprint royal après une étape dantesque, dos au vent, qui a bouleversé l’ensemble du classement général.
Un sprint à plus de 60 km/h. Une longue ligne droite, vent dans le dos. Un maillot vert et ses adversaires en file indienne. Tout était programmé pour un sprint royal au bout de cette 10e étape du Tour de France. Tous les grands spécialistes de la vitesse, hormis Dylan Groenewegen (Jumbo-Visma), piégé par les bordures, étaient réunis pour ce quatrième sprint massif de l’épreuve. Et pourtant, au bout de la ligne droite, c’est un néophyte qui a giclé dans les deux derniers hectomètres. Un jeunot qui a déjà façonné son palmarès avec trois titres de champion du monde de cyclo-cross et deux récentes étapes sur le Critérium du Dauphiné. À 24 ans, Wout van Aert a remporté à Albi sa première étape sur le Tour de France, s’offrant en prime le gratin du sprint. Elia Viviani (Deceuninck-Quick Step), Caleb Ewan (Lotto-Soudal), Michael Matthews (Sunweb) et Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) suivent le cyclo-crossman, devenu désormais un grand de la route avec ce succès probant.
“Je ne parviens pas à y croire, battre tous ces gars, aussi rapides”, lâchait entre deux soupirs d’incrédulité Wout van Aert. “C’est au-dessus de tout ce que j’ai connu. J’ai senti durant ces dix derniers jours, à quel point cette course est grande. Et gagner dès ma première tentative… Wow”. Le sprint du coureur belge n’a pourtant souffert d’aucune contestation. C’est lui qui est sorti, le nez dans le vent, dans les 250 derniers mètres, avec Elia Viviani dans le dos. Avant que l’Italien le remonte, sans toutefois le déborder sur la ligne. “Depuis le dernier sprint (NDLR : il avait tenté sa chance sur la 5e étape à Nancy, terminant 2e derrière Sagan), j’avais appris que je devais partir tôt, donc je suis parti aux 250 mètres. C’était serré avec Viviani, mais un centimètre était suffisant”, ajoute le vainqueur belge, le troisième de la semaine, un total que les coureurs en noir-jaune-rouge n’avaient plus connu depuis 2007. Et depuis 2008 et Gert Steegmans, aucun coureur belge n’était parvenu à remporter un sprint massif. Ce qui confirme l’incroyable résultat obtenu par Van Aert, à l’aube de la première journée de repos du Tour.
Et vu sa forme, on pourrait se dire que Wout van Aert risque d’être encore aux avant-postes lors de la 13e étape, vendredi, un contre-la-montre autour de Pau. Le profil sera en effet similaire au chrono qu’il a dominé sur le Dauphiné, en juin dernier. “Avec ses jambes, je peux encore faire beaucoup. Mais cela n’a plus autant d’importance désormais”, avoue le Belge, déjà soulagé de briller aussi tôt.
Deceuninck-Quick Step et INEOS font le break
La journée a également été marquée par le nouveau spectacle offert par Deceuninck-Quick Step et le Team INEOS, devenus des spécialistes des bordures sur le Tour de France. Les deux équipes ont profité du vent trois-quart dos et des routes bien ouvertes dans les 30 derniers kilomètres pour faire lâcher prise bon nombre de favoris. George Bennett (Jumbo-Visma), Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), Rigoberto Uran (EF Education First), Jakob Fuglsang (Astana) ou encore Mikel Landa (Movistar), sur chute, ont ainsi lâché prise et subi plus d’une minute et demie de débourre sur cette seule étape.
Une sacrée douche froide pour Pinot après le spectacle qu’il avait offert à Saint-Étienne. Mais cette fois, le positionnement a eu raison de ses ambitions. Et à son grand dam, c’est son compagnon de la 8e étape, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), le maillot jaune en personne, qui a lancé cette offensive dans le vent. “Cela ne me fait pas plaisir, c’est dommage pour lui”, lâchait le leader du général à propos de Pinot, au micro de France Télévisions. “Je savais personnellement que j’avais l’équipe autour de moi. Je n’ai su qu’après 5 ou 10 kilomètres que Pinot était dans le groupe derrière. Quelques kilomètres avant, il était devant avec ses équipiers. Il savait qu’il y avait des risques”.
Cette mauvaise étape de certains favoris permet aux leaders du Team INEOS de prendre les places laissées vacantes sur le podium : Geraint Thomas est désormais deuxième à une minute d’Alaphilippe, devant son équipier Egan Bernal. “Je n’aurais pas pu rêver meilleur scénario”, a lâché le Britannique à l’arrivée, éreinté par ces efforts. “Nous avions beaucoup d’hommes avec nous. Et derrière, l’élastique a cassé d’un coup et l’écart est devenu trop grand. C’étaitune belle journée, surtout car c’était inattendu”. Une confirmation que le Tour ne se joue pas que dans la (moyenne ou haute) montagne.
Résultats de la 10e étape de la 106e édition du Tour de France (Saint-Flour > Albi, 210.5 km) et classement général provisoire :
Photo : ASO/Pauline Ballet
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