Flèche Wallonne – Hommes : Julian Alaphilippe redore l’arc-en-ciel sur son Mur préféré

Julian Alaphilippe réalise le triplé sur la Flèche Wallonne, avec le maillot de champion du monde, devant un précoce Primoz Roglic et le vétéran Alejandro Valverde.

Dans une classique qui s’est à nouveau transformée en course de côte sur les pentes du Mur de Huy, le champion du monde Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) a réalisé l’un de ses plus grands exploits, avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules. Face à Primoz Roglic (Jumbo-Visma), le Français a triomphé sur l’une des montées les plus rapides de l’histoire moderne de la Flèche.

La Flèche Wallonne traîne une réputation double depuis son arrivée traditionnelle sur le Mur de Huy (depuis 36 ans maintenant !). Ce final est unique dans le cadre de classiques printanières qui privilégient des arrivées plus planes. Mais cette ascension finale implique généralement une course d’attente pour une bagarre entre puncheurs dans les 500 derniers mètres. L’organisation tente d’éviter ce scénario cousu de fil blanc en imaginant des tracés proposant un dénivelé plus important, ou des côtes plus rapprochées en vue de l’arrivée. Cela ne semble toujours pas suffire. Pas plus lors de cette 85e édition, qui s’est soldée par une arrivée entre purs favoris sur les pentes les plus abruptes du Chemin des Chapelles.

Certes, les locaux Sylvain Moniquet (d’Andenne, Lotto-Soudal) et Louis Vervaeke (de Marneffe, Alpecin-Fenix) ont animé l’échappée matinale. Certes, Tom Pidcock (INEOS Grenadiers) a chuté sans gravité à moins de 25 kilomètres du but, entraînant un certain stress parmi l’équipe britannique. Certes, Tim Wellens (amoureux de la région hutoise, Lotto-Soudal) a mené une fronde dans la côte du Chemin des Gueuses que Richard Carapaz (INEOS Grenadiers) a tenté de prolonger. Certes, Maurits Lammertink (Intermarché-Wanty-Gobert) a mené la fin de l’échappée matinale jusqu’au pied du Mur de Huy. Mais cela ne suffisait pas à défaire l’idée d’un sprint massif entre puncheurs dans le dernier kilomètre.

Roglic : « Je me suis dit : Pourquoi pas ? »

L’objectif était avant tout d’être dans les deux premières rangées du peloton à l’aube du virage à droite annonçant les pentes les plus raides de l’ascension finale. Primoz Roglic (Jumbo-Visma) jouait des coudes pour se replacer pendant que Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) se calait tranquillement dans la roue de ses équipiers pour être propulsé en tête de gondole. Alors qu’Alejandro Valverde (Movistar) devait… passer sur le trottoir pavé à sa droite pour retrouver une bonne place. « J’ai dû faire un gros effort pour remonter dans le groupe de tête. J’étais mal placé au pied de la côte finale. C’est cet effort intense qui m’a coûté de l’énergie », indique le quadragénaire à l’arrivée.

Car à la sortie du virage Claudy Criquielion, ce fameux S proposant une pente jusqu’à 25%, le feu d’artifices était directement enclenché par Primoz Roglic, lâchant les chevaux à près de 300 mètres de la ligne. Une véritable anticipation sur une arrivée aussi raide. « Pourquoi avoir attaqué si tôt ? J’étais bien placé et je me suis dit : pourquoi pas ? Si j’avais eu de meilleures jambes, j’aurais gagné. (…) Il ne faut pas trop chercher de tactique philosophique sur une telle montée. Il faut juste avoir les jambes et grimper à fond », résume logiquement le champion de Slovénie, qui a longtemps tenu la dragée haute à tous les favoris, dont le champion du monde Julian Alaphilippe, contraint de sortir du bois pour éviter une punition que subissait Tom Pidcock, notamment. Le jeune Britannique y a découvert la difficulté d’un Mur qui ne pardonne aucune faiblesse.

Alaphilippe : « Montrer que j’avais la tête dure »

« Ce sont les jambes qui ont fait la différence. Je savais que cela n’allait pas être facile avec Roglic devant et Valverde dans la roue. Mais j’ai finalement tenu le bon rythme », lâche de son côté Julian Alaphilippe. Le Français a en effet bouché le trou avec Roglic dans les 100 derniers mètres, avant de le contrer sur l’ultime butte qui amène les coureurs jusqu’à la ligne. Une montée supersonique bouclée selon les premiers chronométrages à près de 2:42, soit quasiment le record établi par Alejandro Valverde sur le dernier kilomètre lors de sa victoire en 2014.

Julian Alaphilippe a célébré… sur la ligne cette fois, sa troisième victoire sur la Flèche, affichant clairement son liseré arc-en-ciel sur son torse. « Je voulais juste montrer que j’avais la tête dure. C’est vrai que je n’ai pas beaucoup gagné cette saison, mais ça ne m’a pas empêché de bien m’entraîner, d’enchaîner les courses. Je m’étais mis… pas la pression, mais je voulais bien faire sur la Flèche Wallonne », indique Julian Alaphilippe, tout sourire.

Comme d’habitude, le Français remerciait le Wolfpack pour son boulot, sans faute du départ à l’arrivée. « L’équipe a fait un gros boulot aujourd’hui. On avait à cœur de bien faire sur cette course si particulière », explique Alaphilippe. « Mes équipiers ont fait un gros boulot toute la journée, et cela m’a donné énormément de confiance pour la finale. J’ai pu m’économiser toute la journée, puis mes équipiers m’ont replacé au meilleur moment. C’est une belle victoire ».

Un troisième trophée à savourer pour celui qui doutait lui-même de ses chances au vu de ses récents résultats : « Honnêtement, elle fait vraiment du bien celle-là, avec le maillot de champion du monde en plus », dit-il encore avant de retrouver sa compagne Marion Rousse dans l’aire protocolaire.

Valverde : « Je ne sais pas si c’est ma dernière »

« Alaphilippe était définitivement le plus fort. Bravo à lui. Il mérite de gagner. C’est vraiment une montrée dure jusqu’à l’arrivée… », confirmait encore Roglic, peu prolixe sur la plaine de La Sarte, mais dégageant un léger sourire derrière son masque.

« Julian (Alaphilippe) et Primoz (Roglic) étaient très costauds dans cette dernière montée », confirme pour sa part Alejandro Valverde, qui manque donc un sixième succès à Huy, mais qui ne dit pas non à un retour en terres mosanes en 2022. « Je ne sais pas s’il s’agit de ma dernière participation à la Flèche Wallonne. Tant que j’ai de bonnes sensations, je continue de rouler. Je ne sais pas si c’est ma dernière saison, ou si j’en ferai encore une », a-t-il lâché comme une évidence. Mais au vu de ses prestations à bientôt 41 ans (il les aura dimanche prochain), nul doute que le Murcien peut encore faire parler son goût du Mur en 2022.


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Flèche Wallonne – Femmes : Anna van der Breggen au 7e ciel pour sa dernière (résumé, vidéo et réactions)

Résultats de la 85e édition de la Flèche Wallonne masculine (Charleroi > Huy, 193.6 km) :

  1. Julian Alaphilippe (Fra, Deceuninck-Quick Step) en 4h36:25
  2. Primoz Roglic (Slo, Team Jumbo-Visma)
  3. Alejandro Valverde (Esp, Movistar Team) à 0:06
  4. Michael Woods (Can, Israel Start-up Nation) à 0:08
  5. Warren Barguil (Fra, Arkéa-Samsic) à 0:11
  6. Tom Pidcock (G-B, INEOS Grenadiers)
  7. David Gaudu (Fra, Groupama-FDJ)
  8. Esteban Chaves (Col, Team BikeExchange)
  9. Richard Carapaz (Equ, INEOS Grenadiers)
  10. Maximilian Schachmann (All, Bora-Hansgrohe) à 0:16

Le classement complet de la Flèche Wallonne masculine

Photo : ASO/Aurélien Vialatte

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