Le cyclisme disparaît-il du petit écran ?

Les droits télévisés des courses cyclistes ne sont toujours pas mutualisés, et cela crée désormais des disparités entre les pays.
Milan-Sanremo - Hélicoptère Télévision - Peloton - RCS Sport La Presse Fabio Ferrari
Milan-Sanremo – Hélicoptère Télévision – Peloton – RCS Sport La Presse Fabio Ferrari

Si en Belgique, la majeure partie des courses cyclistes de renom sont diffusées gratuitement tout au long de la saison sur les chaînes publiques de la VRT, en Flandre, et de la RTBF, en Wallonie, le constat est bien différent en France, où seuls quelques monuments franco-belges ont droit à une diffusion sur France Télévisions, alors que d’autres épreuves ont également droit à une retransmission sur L’Équipe. Cette dernière chaîne, diffusée gratuitement en TNT, a même obtenu ces cinq dernières années les droits télévisés des courses italiennes organisées par RCS Sport, comme Milan-Sanremo, le Tour d’Italie ou le Tour de Lombardie.

Ces droits ont toutefois été remis en jeu en début de saison, et RCS Sport a vendu les droits télévisés français de ses épreuves à Discovery, la maison-mère d’Eurosport et Global Cycling Network, qui met en avant depuis l’an dernier un abonnement destiné à regarder la majeure partie des courses du calendrier professionnel moyennant un abonnement. Cela permet à RCS Sport de s’assurer des droits TV plus importants, mais à quel prix pour le grand public ?

Le cyclisme est un sport qui connaît de nombreux fans prêts à mettre quelques euros pour bénéficier d’images en direct de leurs courses préférées. Mais il est également un sport qui fait l’admiration du grand public, qui regarde ces courses à certaines dates (lors du Tour de France le plus souvent) pour les paysages filmés, les efforts intenses capturés, le suspense dévoilé… Et RCS Sport a fait le choix dans de nombreux pays de favoriser la diffusion de ses courses au public de passionnés, et non au grand public, qui n’ira jamais prendre un abonnement à près de 20 euros par an pour voir des beaux paysages. Et cela risque d’avoir un impact auprès d’équipes qui cherchent justement à obtenir le plus de couverture médiatique possible pour rentabiliser l’investissement de leurs sponsors.

En France, les chiffres d’audience de Milan-Sanremo montrent que seulement 20 000 téléspectateurs en moyenne ont été comptabilisés sur Eurosport Player et le GCN Race Pass pour suivre le premier des monuments, uniquement diffusé sur Internet. Contre plus de 800 000 personnes en Flandre, sur VTM, et plus de 30 000 personnes rien que sur le site internet de la RTBF, en Wallonie. Autant dire que le contraste est saisissant.

Toucher le grand public avant tout

Ces abonnement suffiront-ils à permettre au cyclisme de survivre économiquement ? Cela s’annonce compliqué. Surtout quand ces droits télévisés vont uniquement dans la poche des organisateurs et ne bénéficient pas directement aux équipes et aux cyclistes. Le modèle économique idéal n’a pas encore été trouvé, et cela se ressent. À l’heure où Internet permet de mettre en place des services d’abonnement qui donnent l’impressionner de donner directement des moyens financiers aux sports choisis, le cyclisme devrait avant tout chercher à se fédérer, à mettre en place un système équitable pour tous les acteurs du sport, avant de songer à ce type d’abonnement qui ne fait que renforcer l’impression d’un sport de niches, qui ne satisfait que les grands fans, et non le grand public, pourtant recherché pour aider le cyclisme à long terme.

C’est pour cela que les cyclistes féminines réclament à corps et à cris une meilleure couverture médiatique de leurs épreuves. Ce sont ces directs télévisés qui permettent de montrer à quel point leur sport mérite une exposition, et peut offrir aux sponsors une belle image pour leur entreprise. Plusieurs chaînes ont compris ce virage, comme la RTBF (malgré une diffusion plus cachée de Gand-Wevelgem ce dimanche), et cela aide clairement le cyclisme féminin. Il reste désormais à espérer le même virage pour l’ensemble des compétitions sur route. Voilà un chantier que l’Union Cycliste Internationale devrait prendre à bras-le-corps avec les représentants des organisateurs cyclistes, des équipes cyclistes et des coureurs et coureuses eux-mêmes. Le chantier s’annonce important.

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Photo : RCS Sport/La Presse/Fabio Ferrari

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