Tour des Flandres : Van der Poel, roi des Flandres, a tenu tête à Van Aert, Van den Broek-Blaak reine en solo

Le Tour des Flandres est un drame. Une course iconique et admirée par tant de coureurs qu’elle provoque toujours un scénario humainement impossible à imaginer.

Le Tour des Flandres est un drame. Une course iconique et admirée par tant de coureurs qu’elle provoque toujours un scénario humainement impossible à imaginer. Chez les hommes, champion du monde en tête puis à terre à cause d’une moto du jury, un duel épique entre les deux plus grands champions de cyclo-cross de la dernière décennie, une victoire néerlandaise au sprint… Chez les femmes, une Néerlandaise en solo, des sprinteuses encore présentes dans le final,… Les scénarios n’étaient pas cousu de fil blanc, en ce dimanche automnal.

La 104e édition masculine

Au départ de ce Tour des Flandres automnal, le froid venait frapper les coureurs, leur rappelant les conditions météorologiques souvent rudes qui annoncent la plus grande course flamande du calendrier. Cela était toutefois l’un des seuls repères de cette classique raccourcie de près de 20 kilomètres et orpheline du célèbre Mur de Grammont. Sans public, la course révélait une autre saveur, avec le seul intérêt sportif comme liant. Que les Flandriens se rassurent, les pavés étaient toujours là, tout comme le désormais traditionnel enchaînement Vieux Quaremont-Paterberg, devenu juge de paix du Ronde. Malgré ce final attendu, les nombreux favoris annonçaient au départ à Anvers qu’une course de mouvements sera le scénario de cette 104e édition, avec des offensives au long cours, et des outsiders à surveiller à chaque mont. Ces prévisions n’allaient pourtant pas se confirmer, du moins sur les premières côtes autour d’Audenarde.

Car après le premier passage du Vieux Quaremont, les tentatives de bouleverser le scénario annoncé étaient nombreuses, via notamment Edvald Boasson Hagen (NTT), Michal Kwiatkowski (INEOS Grenadier) ou même le vainqueur de Gand-Wevelgem Mads Pedersen (Trek-Segafredo). Ã chaque reprise, le peloton faisait rideau et bouchait les éventuels trous provoqués par des accélérations sèches, mais trop peu rugueuses pour faire la différence. Jusqu’à ce que les favoris décident de prendre les commandes, et de mettre le reste du peloton dans le rouge, à 50 kilomètres de l’arrivée, après le Paterberg, puis dans le Koppenberg qui suit, sur ses pentes à plus de 20%. Et c’est le moins expérimenté des favoris, le champion du monde Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), qui prenait ses responsabilités en lançant la grande offensive. Avec Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix) puis Wout van Aert (Jumbo-Visma) dans les roues, ainsi qu’une vingtaine d’outsiders et favoris.

Une moto mal placée

Avant que les trois hommes se retrouvent à nouveau en tête, grâce à une nouvelle offensive… d’Alaphilippe, dans la descente du Stationsberg, que Van der Poel suivait, avant que Van Aert se fasse violence dans le Taaienberg suivant pour rentrer sur ce duo. Les trois plus forts en tête, l’intérêt sportif se confirmait, une lutte entre les meilleurs s’annonçait sur ces routes d’un autre temps. Avant le drame. Julian Alaphilippe au sol. L’image étonne, alors que le champion du monde ne peut se relever, ventre au sol, de lourds cris atteignant jusqu’au micro de la caméra qui s’arrête à ses pieds. Le ralenti confirme alors l’horreur : un motard du jury des commissaires ralentissait en fait à l’intérieur d’un virage, pendant qu’Alaphilippe tentait d’atteindre son équipe par radio. Un moment d’inattention, et le Français ne pouvait se déporter au dernier moment, heurtant de plein fouet, avec son épaule droite, le porte-bagage arrière de la moto.

La course était finie, et ne pouvait plus se résumer qu’à un duel. Au grand dam d’Alaphilippe et de ce Tour des Flandres, entaché d’une terrible erreur d’un commissaire. Le champion du monde s’en sort finalement avec une double fracture des métacarpes de la main droite. “J’ai entendu le bruit de la chute, mais je n’avais pas vu la moto non plus. Je ne pense pas qu’elle était mal placée.Van Aert allait d’une moto à l’autre, et Julian est arrivé trop tard pour la voir”, expliquait pour sa part Van der Poel pour expliquer les conditions de cette chute, vue depuis la tête de la course.

La course ne pouvait toutefois s’arrêter sur cet incident. Elle reprenait à toute vitesse entre Van Aert et Van der Poel alors qu’à l’arrière, personne ne parvenait à s’entendre pour revenir sur le duo, même pas les derniers Deceuninck-Quick Step, Kasper Asgreen et Yves Lampaert, passés en une seconde d’équipiers chargés de faire bosser les rivaux à poursuivants désespérés. Cela laissait le temps à Van Aert et Van der Poel de se préparer l’un et l’autre pour un duel de prestige. Pas sur le Vieux Quaremont ou sur le Paterberg. Les deux champions décidaient de la jouer au plus fort, jusqu’au bout. Un sprint allait déterminer le vainqueur de ce Ronde. Van der Poel en tête dans les derniers hectomètres, Van Aert dans la roue. Idéal pour le Belge ? Il lançait à toute berzingue pour remonter son rival néerlandais, mais il ne parvenait pas à bondir devant lui à l’approche de la ligne ! Un sprint mémorable pour Van der Poel, une déception pour Van Aert, mais quel spectacle entre les deux derniers champions du monde de cyclo-cross, désormais rois des Flandres.

https://twitter.com/RondeVlaanderen/status/1317830008480608258

“Finir comme cela, l’un contre l’autre”

“C’est un sentiment incroyable”, décrit le vainqueur du Ronde après avoir levé son vélo au ciel, criant sa rage après cette première victoire sur un monument. “Mon début de saison n’avait pas été très bon, notamment sur les classiques italiennes. J’ai travaillé très dur pour cette course et pour Paris-Roubaix, malheureusement annulé. Je savais que je devais tout faire pour gagner ici, et cela me permet de réussir ma saison. (…) Je savais que je devais faire le sprint de ma vie pour battre Wout et je l’ai fait ! On était à bloc l’un et l’autre dans les monts, mais on n’allait pas plus vite l’un que l’autre. Finir comme cela, l’un contre l’autre, sur le Tour des Flandres, c’est incroyable”, confirme Mathieu Van der Poel, au terme de cette victoire inédite, la première d’un fils, 34 ans après son père, Adrie Van der Poel.

Le sprint était puissant, suffisant pour devancer l’homme de cette saison, Wout van Aert, passé à quelques centimètres de sa plus grande joie de coureur. “Je suis un peu déçu, mais Mathieu était juste un peu plus fort”, décrit le coureur belge. “On était à deux, c’était donc difficile de le surprendre. Et je savais rapidement qu’on allait conclure la course au sprint. J’étais confiant, j’ai peut-être lancé mon sprint un peu trop dans le vent. Mais dans le final, on ne réfléchit qu’au sprint”, explique Van Aert, qui reste “content de (sa) saison”, avec Milan-Sanremo, le Strade Bianche, deux victoires d’étapes sur le Tour de France, une sur le Dauphiné, et ses deuxièmes places sur le championnat du monde et le Tour des Flandres. “Dommage qu’on ne fasse pas Paris-Roubaix”, ajoute le Belge, conscient que cette forme exceptionnelle pouvait encore lui permettre de bousculer les pavés. Heureusement, les prochaines classiques flandriennes sont déjà dans moins de six mois !

Résultats de la 104e édition du Tour des Flandres masculin (Anvers > Audenarde, 241 km) :

  1. Mathieu Van der Poel (P-B, Alpecin-Fenix) en 5h43:17
  2. Wout van Aert (Bel, Team Jumbo-Visma)
  3. Alexander Kristoff (Nor, UAE Team Emirates) à 0:08
  4. Anthony Turgis (Fra, Total Direct Énergie)
  5. Yves Lampaert (Bel, Deceuninck-Quick Step)
  6. Dimitri Claeys (Bel, Cofidis Solutions Crédits)
  7. Oliver Naesen (Bel, Ag2r-La Mondiale)
  8. Dylan van Baarle (P-B, INEOS Grenadiers)
  9. John Degenkolb (All, Lotto-Soudal)
  10. Tiesj Benoot (Bel, Team Sunweb)
  11. Dylan Teuns (Bel, Bahrain-McLaren)


15. Xandro Meurisse (Bel, Circus-Wanty Gobert)
17. Sep Vanmarcke (Bel, EF Pro Cycling) à 0:16
18. Jasper De Buyst (Bel, Lotto-Soudal) à 2:41
22. Amaury Capiot (Bel, Sport Vlaanderen-Baloise)
26. Jasper Stuyven (Bel, Trek-Segafredo)
27. Jens Keukeleire (Bel, EF Pro Cycling)
29. Arjen Livyns (Bel, Bingoal-Wallonie Bruxelles) à 3:05
31. Piet Allegaert (Bel, Cofidis Solutions Crédits) à 4:03
32. Tom Van Asbroeck (Bel, Israel Start-up Nation)
34. Otto Vergaerde (Bel, Alpecin-Fenix)
35. Lawrence Naesen (Bel, Ag2r-La Mondiale)
38. Tim Declercq (Bel, Deceuninck-Quick Step)
41. Frederik Frison (Bel, Lotto-Soudal)
42. Gijs Van Hoecke (Bel, CCC Team)
45. Dries Van Gestel (Bel, Total Direct Énergie)
46. Stijn Vandenbergh (Bel, Ag2r-La Mondiale)
49. Nathan Van Hooydonck (Bel, CCC Team) à 4:05

La 17e édition féminine

La course collective était la clé sur les routes du Tour des Flandres féminin, longtemps rendu indécis par un peloton particulièrement important à l’approche du final composé du Kruisberg, du Vieux Quaremont et du Paterberg, dans les 25 derniers kilomètres de la classique. En effet, les Trek-Segafredo et Boels-Dolmans semblaient jusque là contrôler les échappées, pour mener les favorites au pied du Vieux Quaremont, et les lancer alors pour la bagarre finale. Dans la montée pavée, l’ex-championne du monde Chantal Van den Broek-Blaak (Boels-Dolmans) affichait sa puissance sur le faux-plat montant, sans personne pour la suivre. Personne ne parvenait à prendre la roue de la Néerlandaise, comme lors du Samyn en début de saison.

Pendant que les Boels-Dolmans sautait sur tous les contres derrière leur équipière, Van den Broek-Blaak creusait son avance dans le Paterberg avant de régler ses efforts dans la plaine menant à Audenarde. La Néerlandaise ne perdait quasiment rien et filait ainsi vers la ligne d’arrivée pour un doublé néerlandais, après le succès de Van der Poel, plus tôt. Elle s’offre ainsi son premier Tour des Flandres, en patronne, devant sa coéquipière Amy Pieters (Boels-Dolmans), vainqueure du sprint du peloton devant la championne de Belgique Lotte Kopecky (Lotto-Soudal Ladies), toujours bien placée dans le final mais trop juste pour suivre les offensives des puncheuses.

Résultats de la 17e édition féminine du Tour des Flandres (Audenarde > Audenarde, 135,6 km) :

  1. Chantal Van den Broek-Blaak (P-B, Boels-Dolmans)
  2. Amy Pieters (P-B, Boels-Dolmans)
  3. Lotte Kopecky (Bel, Lotto-Soudal Ladies)
  4. Lisa Brennauer (All, Ceratizit-WNT Pro Cycling)
  5. Sarah Roy (Aus, Mitchelton-Scott)
  6. Alena Amialiusik (Blr, Canyon SRAM Racing)
  7. Demi Vollering (P-B, Parkhotel Valkenburg)
  8. Elisa Longo Borghini (Ita, Trek-Segafredo Women)
  9. Lauren Stephens (USA, Team TIBCO-SVB)
  10. Marta Cavalli (Ita, Valcar-Travel & Service)

Photos : capture VRT/Sporza

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