Championnats de Belgique à Anzegem : au bon endroit au bon moment, Dries De Bondt se pare de noir-jaune-rouge

En solitaire, Dries De Bondt se pare des plus belles couleurs du peloton belge, quinze mois après son équipier Tim Merlier.

« Une course de juniors », voici les termes adressés par Philippe Gilbert (Lotto-Soudal) qui revenaient le plus souvent dans le peloton au terme de ce championnat de Belgique animé, qui a profité aux attaquants. Mais pas forcément ceux attendus. Un groupe d’une vingtaine d’hommes a réussi à surprendre les favoris, permettant à Dries De Bondt (Alpecin-Fenix) de faire parler sa puissance dans les derniers kilomètres. En solitaire, l’Anversois de 29 ans se pare des plus belles couleurs du peloton belge, quinze mois après son équipier Tim Merlier.

Voici quatre ans, Dries De Bondt remportait le championnat de Belgique parmi les élites sans contrat après une période particulièrement compliquée pour l’Anversois. Victime d’une lourde chute dans une descente du Tour de Vendée en octobre 2014, juste avant son passage en continental chez Vérandas Willems, De Bondt a été placé durant deux semaines dans un coma artificiel suite à un traumatisme crânien. Après un mois seulement, le coureur remontait sur son vélo, et confirmait sa force de caractère pour réussir d’abord avec les élites sans contrat, puis chez les professionnels. Enchaînant les victoires sur les kermesses, De Bondt affichait surtout ses qualités de finisseur à l’occasion de Halle-Ingooigem, semi-classique belge disputée en juin et qui reprend les contours… du championnat de Belgique 2020. En 2016, le coureur anversois s’était échappé dans le final avec Jens Keukeleire pour battre au sprint le classicman. En 2019, sous les couleurs de Corendon-Circus, De Bondt faisait cette fois le bond avec le Néerlandais Piotr Havik avant de le devancer sur la ligne d’arrivée qu’il retrouvait ce mardi. Il est comme ça le sociétaire d’Alpecin-Fenix : un attaquant qui abdique rarement, capable de coups explosifs qui lui permettent d’asphyxier ses rivaux. L’effort n’est jamais vain pour De Bondt, qui l’a prouvé une nouvelle fois du côté d’Anzegem. « J’ai connu quelques coups de malchance, et j’ai dû longtemps me battre pour retrouver mon meilleur niveau et le conserver. Mais je ne l’ai pas fait seul, aujourd’hui également », réagit avec de l’émotion dans la voix le nouveau champion de Belgique avant de grimper sur le podium. Toujours dans les bons coups sur les kermesses et semi-classiques dédiées aux continentales, le voici au sommet.

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Lotto-Soudal grille ses cartouches

Le flair, il fallait en avoir pour suivre le bon coup parti juste avant l’arrivée sur les circuits locaux tracés autour d’Anzegem. Les attaques se sont en effet succédées depuis le départ de Hal et le passage sur le Mur de Grammont, et ce sont finalement une vingtaine d’hommes qui prenaient jusqu’à cinq minutes d’avance dans les 100 derniers kilomètres, confirmant qu’une surprise pouvait émaner de cette offensive collective, dans laquelle toutes les grandes équipes de ce peloton belgo-belge étaient représentées. Et malgré la présence de Jelle Wallays et Tosh Van der Sande à l’avant, Marc Sergeant décidait de faire rouler ses coureurs de Lotto-Soudal en tête de peloton pour réduire au plus vite cet avantage. « On s’est dit qu’avec un écart assez proche avec les 20 coureurs devant, d’autres équipes allaient rouler, et qu’on allait pouvoir revenir à l’avant. Mais après, c’était une course de juniors », sourit Philippe Gilbert, leader annoncé de l’équipe Lotto-Soudal, toujours à l’avant du peloton. « On pensait que cela allait se faire quand l’écart est retombé à 1:15. Mais personne n’a roulé ensuite », rapporte le Remoucastrien qui confirme que ce retour sur la tête de la course s’annonçait impossible. Les Lotto-Soudal ont rapidement usé toutes leurs forces, et Philippe Gilbert et Florian Vermeersch ont tenté ensuite de contrer ou suivre toutes les attaques possibles dans les trois derniers tours. Cela n’a pas suffi.

Des leaders isolés

Il manquait en effet de cohésion en tête du peloton, et dans les deux derniers tours, c’était du chacun pour soi. « Stuyven était très fort, mais il était tout seul. Même chose pour Teuns. Je sais ce que c’est, j’étais aussi isolé par le passé. Voilà, c’est comme ça », se résigne Philippe Gilbert, malgré ses bonnes sensations physiques. «Jan Bakelants et Xandro Meurisse, c’étaient quand même deux belles cartes à jouer à l’avant. On n’allait pas rouler derrière eux de toute manière », rappelle de son côté Loïc Vliegen (Circus-Wanty Gobert). « Toutes les équipes étaient représentées à l’avant et c’était une partie de poker pour savoir si cela rentrerait ou pas. Finalement, ce n’est pas rentré… Le principal, c’est que les sensations étaient bonnes et que je pouvais suivre chaque attaque », ajoute-t-il. Dylan Teuns, Jasper Stuyven, Greg Van Avermaet, Sep Vanmarcke… Tous ces favoris bien seuls tentaient leur chance sans prendre plus de dix secondes sur le reste du peloton. Et devant, même si la vingtaine d’hommes ne s’entendait plus vraiment dans les trente derniers kilomètres, l’avance était suffisante pour croire en la victoire.

Une chute et…

« On m’a dit dans l’oreillette que les leaders en avaient assez et qu’ils se tiraient dans les pattes. Je savais qu’on allait pouvoir jouer la finale entre nous », confie De Bondt. Le coureur anversois visait surtout les deux coureurs de Deceuninck-Quick Step présents dans l’échappée victorieuse, Iljo Keisse et Pieter Serry. Ce dernier sortait en facteur dans la montée du Schernaai, et voyait De Bondt le suivre à quelques mètres. Serry prenait toutefois un virage trop court et chutait, permettant à son rival d’Alpecin-Fenix de s’échapper en solitaire face à des coureurs trop courts. « On aurait dû gagner ici », lâche, défaitiste, Pieter Serry à l’antenne de la VRT, après cette chance manquée. Car De Bondt ne lâchait rien dans le Tiegemberg et la descente jusqu’à l’arrivée. Le titre de champion de Belgique s’offre pour la deuxième année consécutive à l’équipe Alpecin-Fenix, grâce cette fois à une course offensive et surprenante de bout en bout. « Je n’ai pas hésité à y aller à fond après la chute de Serry », rapporte encore De Bondt. De la chance, de l’audace, et une bonne dose de force dans les jambes : le nouveau champion de Belgique n’a pas manqué son rendez-vous.

> Lire aussi : Championnat de Belgique femmes : Lotte Kopecky l’attaquant bat enfin D’Hoore (résultats)

Les résultats de la course en ligne masculine des championnats de Belgique 2020 à Anzegem :

1. Dries De Bondt (Alpecin-Fenix) en 5h10:55
2. Iljo Keisse (Deceuninck-Quick Step) à 0:06
3. Pieter Serry (Deceuninck-Quick Step)
4. Jan Bakelants (Circus-Wanty Gobert)
5. Edward Theuns (Trek-Segafredo)
6. Michaël Van Staeyen (Tarteletto-Isorex)
7. Nathan Van Hooydonck (CCC Team)
8. Ludovic Robeet (Bingoal-Wallonie Bruxelles)
9. Xandro Meurisse (Circus-Wanty Gobert)
10. Otto Vergaerde (Alpecin-Fenix)

Photo : CyclismeRevue.be

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