Flèche Wallonne : Alaphilippe toujours le patron, Lambrecht la révélation

Deux fois deuxième, et deux fois vainqueur en quatre participations : Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) a confirmé sur le Mur de Huy qu’il était le patron de la Flèche Wallonne, à seulement 26 ans. Le Français a cette fois connu une sacrée pression de la part du Danois Jakob Fuglsang (Astana), comme sur l’Amstel Gold Race et le Strade Bianche, mais a brillé, pour la deuxième année consécutive, devant l’église de la Sarte.

L’embrassade des deux hommes est aussi belle que rare dans le cyclisme contemporain. Au terme d’un duel sur 300 mètres, au sommet du Mur de Huy, Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang se sont quittés en toute amitié. Le Français a remporté sa deuxième Flèche Wallonne, après avoir déjà triomphé sur le Strade Bianche (déjà face à Fuglsang) et sur Milan-Sanremo, alors que le Danois a encore terminé sur une place d’honneur, alors qu’il tient certainement la forme de sa vie sur les classiques. Dans le Mur, ils étaient seuls au monde, tous deux les plus costauds sur ces pentes à près de 20%, pendant que le troisième Diego Ulissi (UAE Team Emirates) concluait quelques secondes derrière, hors du champ de la caméra. Un podium presque attendu après une course qui a connu quelques offensives, mais jamais de grands bouleversements malgré les rafales de vents qui ont soufflé les espoirs de certains coureurs malchanceux, face contre le bitume.

Alaphilippe en profite pour signer son neuvième succès de la saison, et le vingt-cinquième de la Deceuninck-Quick Step, qui poursuit ainsi sa parfaite moisson printanière. « J’ai déjà beaucoup gagné mais je voulais encore être en forme pour ce jour. Je voulais avoir un pic de forme pour les classiques ardennaises. L’an dernier, j’avais remporté ma première grande course sur la Flèche Wallonne : c’est la course de mon cœur », confie le Français. « Je ressentais beaucoup d’attentes autour de moi avec ma victoire de l’an dernier et mes deux précédents podiums. J’essayais de me détacher de cette pression avec mon beau début de saison. C’était en tout cas une édition plus difficile que les années précédentes ».

« Que du bonus »

Julian Alaphilippe était en tout cas heureux de rendre hommage à ses équipiers, notamment Dries Devenyns et Enric Mas. Et il n’avait pas de mot à donner à ses rivaux, notamment son rival attendu, le champion du monde Alejandro Valverde (Movistar), qui termine finalement 11e. « Je n’ai pas l’impression qu’il y a un autre cycle avec d’autres jeunes. Aujourd’hui, je suis juste resté concentré sur la finale, sur le mur. Mes équipiers ont fait un travail exemplaire et notre équipe a parfaitement géré la course depuis le kilomètre zéro. Les coureurs derrière, cela ne m’importe pas vraiment », lâche-t-il. Le classicman français surprend en tout cas tous les observateurs : « Je ne pense pas que je peux gagner partout, mais j’ai en tout cas réussi quasiment tous mes objectifs en ce début de saison. J’ai récupéré un peu après la semaine italienne, mais là je commence quand même à être fatigué. Je suis déjà content d’avoir eu assez de jambes pour gagner. C’est que du bonus désormais. Même aujourd’hui, si je n’avais pas gagné, cela n’aurait pas été une grande déception. Mais je serai bien au départ de Liège-Bastogne-Liège avec de la motivation ».

Fuglsang : « Il est plus explosif »

Jakob Fuglsang, de son côté, restait philosophe après cette nouvelle deuxième place. « Je pense qu’on peut me dire félicitations quand même », sourit le Danois. « J’étais déçu dimanche vu qu’on pouvait sprinter pour la victoire… Ici, c’était juste jambes contre jambes, une belle bataille entre nous deux (NDLR : face à Alaphilippe). J’ai tenté tout ce que je pouvais et j’ai mené cette course avec l’approche que je souhaitais, alors que la Flèche Wallonne ne me convient pas forcément. Je suis content de ma condition, j’en profite et je suis impatient pour Liège-Bastogne-Liège, dimanche ». Interrogé sur son duel avec Alaphilippe depuis le début de la saison, Fuglsang ne se fait pas non plus de mourrons. « Je sais qu’on vise les mêmes courses pour l’instant, mais je suis en bonne forme. Et s’il n’y avait pas de bagarre, ce ne serait pas intéressant à regarder. Et puis, malgré tout, il a plus d’expérience sur les courses d’un jour alors que moi, je suis plus habitué aux courses par étapes. Il est aussi plus explosif que moi », explique le leader d’Astana.

Lotto-Soudal a tout tenté

L’autre équipe belge en vue était la Lotto-Soudal, qui a animé le circuit final répété à trois reprises autour du Mur de Huy. Bjorg Lambrecht a anticipé sur le deuxième passage sur la ligne d’arrivée, avec Tim Wellens ensuite. Tomasz Marczynski a également fait son travail en mettant les autres formations sous pression, contraintes de mener la poursuite. Et finalement, Jelle Vanendert et Lambrecht, encore, ont accéléré le rythme lors du dernier passage du Mur, avant que le jeune grimpeur belge de 22 ans conclut à la quatrième place (après sa 5e place sur la Flèche Brabançonne et une 6e position sur l’Amstel Gold Race). Bref, du costaud pour l’équipe belge, qui peut compter sur le vice-champion du monde espoir pour son avenir. « J’ai tout donné aujourd’hui », explique Lambrecht, littéralement vidé sur la plaine de la Sarte. « C’est incroyable de terminer quatrième. C’est quelque chose dont j’aurais à peine pu rêver. Nous avons en tout cas suivi le plan que nous avions prévu dans le bus : monter chacun le Mur, et voir qui allait le mieux. J’ai essayé de bien me placer, je suis resté dans les bonnes roues, j’ai attendu puis au panneau des 150 derniers mètres, j’ai tout lâché ». Avec une belle place de premier Belge, au pied du podium, en prime.

Résultats de la 83e édition de la Flèche Wallonne (Ans > Huy, 195 km) :

Photo : ASO/G. Demouveaux

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