Cinq leçons à retenir du Tour de Catalogne : De Gendt, Matthews et les Colombiens

La semaine a été animée en Catalogne, à l’occasion de la 99e édition du tour cycliste régional, entre le bord de mer et la colline de Montjuic, au sommet de Barcelone, en passant par les cimes pyrénéens.

La semaine a été animée en Catalogne, à l’occasion de la 99e édition du tour cycliste régional, entre le bord de mer et la colline de Montjuic, au sommet de Barcelone, en passant par les cimes pyrénéens. Les grimpeurs ont fait le spectacle sur ces routes escarpées, tout comme les spécialistes de l’offensive, à l’image de Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), leader durant trois jours de course avant de céder son paletot blanc et vert aux favoris attendus. Même si certains de ces favoris, comme Chris Froome (Sky), n’ont pas répondu aux attentes, à moins de 100 jours du départ du Tour de France.

De Gendt a encore frappé fort

Thomas De Gendt aime la Catalogne et la Catalogne le lui rend bien. Déjà vainqueur en solitaire en 2013 (à Barcelone), en 2016 et en 2018, le coureur gantois a encore dévoilé ses talents d’attaquant en prenant la bonne échappée dès la première étape, avant de s’isoler dans les 35 derniers kilomètres pour un contre-la-montre impressionnant, conclu avec près de trois minutes d’avance sur le reste du peloton. Le baroudeur de la Lotto-Soudal s’est ainsi permis de porter durant trois jours le maillot blanc et vert de leader grâce à cette victoire d’étape arrachée à la force du jarret. “J’ai été surpris que l’écart avec le peloton ne se réduise pas. J’ai décidé de donner le maximum, même si les quinze derniers kilomètres étaient difficiles. J’étais à la limite de mes forces, mais il fallait que j’aille au bout”, confiait le coureur belge après l’arrivée de cette première étape.

De Gendt s’est encore fait mal sur la troisième étape, au sommet de Vallter 2000, conclue deux minutes après Adam Yates et le reste des favoris. Mais il a pu conserver un jour de plus la tête du classement général, avant de lâcher prise le lendemain sur l’étape-reine vers La Molina. “Bjorg (Lambrecht) et Maxime (Monfort) m’ont aidé du mieux qu’ils ont pu, l’équipe a fait un travail fantastique, mais je m’attendais à laisser ce maillot”, avoue le Belge de 32 ans qui s’est encore échappé sur la dernière étape à Barcelone, pour assurer son maillot de meilleur grimpeur, après celui déjà rapporté de Paris-Nice. Bref, Thomas De Gendt est sur de très bonnes bases à l’aube d’entamer son marathon des trois Grands Tours. Il participera encore au Tour de Romandie, fin avril, avant de prendre le départ du Giro.

Lopez et la suprématie colombienne

Les grimpeurs colombiens étaient en verve tout au long de cette semaine en Catalogne. Il faut dire que les cols arpentés sur les troisième et quatrième étapes étaient idéaux pour leurs habituelles offensives. Mais comme sur Paris-Nice, ce sont bien les grimpeurs d’Amérique du Sud qui ont dominé les débats. Notamment lors de l’étape-reine vers la Molina, avec la victoire de Miguel Angel Lopez (Astana), qui y a ainsi construit sa victoire au classement général. “Superman” a eu besoin de deux attaques tranchantes sur cette montée finale à 7% de moyenne pour décrocher le succès. Alors qu’Egan Bernal (Sky) et Nairo Quintana (Movistar) ont mené les grandes offensives en poursuite, avant d’essayer de surprendre leur compatriote sur les 6e et 7e étapes, sans toutefois perturber le leader d’Astana, malgré une équipe moins habituée à contrôler le peloton que la Sky ou la Movistar ces dernières années.

“Avec l’équipe, nous estimions cette course comme l’un des points importants de ce début de saison. Nous avons finalement rempli notre mission“, estime Lopez, qui a eu chaud dans la dernière étape entre les attaques de Quintana, Bernal et des frères Yates. Il s’offre toutefois sa deuxième course par étapes de la saison, après le Tour de Colombie, glanant également les 20e et 21e victoires d’Astana en 2019. “Je sens même que j’ai rpogressé de jour en jour. Après ma victoire au sommet de La Molina, je croyais au fait que nous pouvions tenir le maillot jusqu’au bout”, conclut le Colombien. Lopez sera clairement à suivre sur le prochain Tour d’Italie, au vu de ses prestations en montagne, alors que Bernal a encore une fois confirmé qu’il méritait le statut de leader au sein de la Sky, à un peu plus d’un mois du départ du Giro. Enfin, Quintana se montre plus offensif qu’à l’accoutumée depuis le début de la saison, tant sur Paris-Nice que sur ce Tour de Catalogne, et montre une condition bien plus intéressante que l’an dernier. Bref, les Colombiens risquent encore de dominer les prochaines courses par étapes majeures du calendrier.

Matthews a très vite retrouvé la forme

Avec seulement quelques jours de course au compteur avant le départ de ce Tour de Catalogne, l’Australien Michael Matthews (Sunweb) n’était pas forcément attendu parmi les sprinters les plus en verve sur la course espagnole. Douzième du Circuit Het Nieuwsblad puis contraint à l’abandon sur chute dans les bordures de la 1re étape de Paris-Nice, il s’était tout de même rassuré avec une douzième place sur Milan-Sanremo. Il a ensuite réussi à trouver la bonne carburation dès le départ de ce Tour de Catalogne : deux victoires d’étapes et une deuxième place sur quatre étapes pour sprinters, voilà qui doit le rassurer.

“Je ne m’attendais pas à cela en arrivant ici en Catalogne”, explique-t-il à Vélopro. “Je pensais plutôt venir sur cette course pour m’entraîner. Finalement, je repars avec deux victoires en WorldTour. C’est un retour rêvé après mon début de saison compliqué. (…) J’ai pris de la confiance lors des premières étapes en voyant que mon sprint n’était pas si mauvais”, confie Matthews qui sera certainement à surveiller, dimanche, sur le Tour des Flandres, et plus particulièrement dans trois semaines sur l’Amstel Gold Race, où ses qualités de puncheur-sprinter lui seront d’une grande utilité dans le Cauberg.

Les frères Yates ont tenté leur va-tout

Deuxième de Tirreno-Adriatico après avoir été débordé dans le contre-la-montre final par Primoz Roglic (Jumbo-Visma), le Britannique Adam Yates (Mitchelton-Scott) a encore une fois dû attaquer tant et plus pour tenter de décrocher la victoire en Catalogne. Après sa victoire d’étape à Vallter 2000 dans un sprint à cinq, il a dû lâcher du lest face à l’infatigable Lopez le lendemain vers La Molina. Mais malgré un profil moins montagneux, Adam Yates a profité des côtes de Montjuic pour essayer de détrôner son rival colombien lors de la dernière étape. Il a ainsi tenté sa chance avec l’aide de son frère jumeau Simon Yates avant d’être repris dans le dernier tour, face aux offensives colombiennes.

“Je ne suis encore pas passé loin. Je vais continuer d’essayer, cela finira par payer”, lâche-t-il à Vélopro, visiblement déçu. “Quand j’ai vu mon frère attaquer, je me suis dit que c’était le bon moment pour y aller. Ce n’était pas prévu, mais c’était la dernière étape, la dernière opportunité. Il fallait essayer”, confie Adam Yates, qui sera attendu sur le Tour du Pays Basque puis sur Liège-Bastogne-Liège, avant de viser le classement général du Tour de France. Alors que Simon Yates est lui attendu sur le Giro.

Froome en retard

Attendu pour sa première course européenne de la saison, le Britannique Chris Froome (Sky) a été plus que discret sur ce Tour de Catalogne. Si on l’a vu devant les caméras, c’est à l’occasion de la chute dont il a été victime sur la deuxième étape, puis suite au problème mécanique de son équipier colombien Egan Bernal dans les derniers kilomètres de la 5e étape. En dehors de ces apparitions, Froome a surtout joué les équipiers et s’est essayé au gruppetto durant la plupart des étapes. Il termine ainsi le Tour de Catalogne… à la 94e place du classement général, après sa 91e place sur le Tour de Colombie. Bref, rien de bien convaincant, alors que le quadruple vainqueur du Tour de France avait en outre décidé de faire l’impasse sur le Tour des Émirats Arabes Unis en raison d’une “fatigue excessive”.

L’entrainement de Froome durant l’hiver aurait-il été trop intense pour lui permettre d’assurer la suite de sa saison ? Ces dernières années, même s’il a pu être discret à l’aube du printemps, il a toujours connu l’un ou l’autre résultat pour le rassurer sur sa condition. En 2017, en Catalogne, il avait ainsi terminé deuxième de l’étape-reine derrière Alejandro Valverde. Cette fois, il semble compter sur Bernal pour mener la barque Sky sur ce type de course, préférant se concentrer sur le mois de juillet un 5e sacre sur le Tour. Encore faudra-t-il se montrer un peu plus entreprenant lors du Tour de Yorkshire, sa prochaine course, en mai.

Photo : Twitter @VoltaCatalunya

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