Wanty-Groupe Gobert : Guillaume Martin s’évade toujours deux fois

Diplômé en philosophie, le grimpeur du team Wanty-Groupe Gobert est un personnage unique dans le peloton.
Guillaume Martin - Wanty-Groupe Gobert
Guillaume Martin – Wanty-Groupe Gobert

Diplômé en philosophie, le grimpeur du team Wanty-Groupe Gobert est un personnage unique dans le peloton.

Chaque soir d’été que le Tour fabrique, au fil de juillet, il bouquine, entre fromage et massage. Il s’évade d’un Tour qui donne, certes, un sens à tous les efforts consentis dans son quotidien de coureur mais qui, pourtant, ne l’obsède pas. Car le cyclisme est entré dans la vie de Guillaume Martin sinon tel un intrus, à tout le moins comme un invité inattendu, qui frappe à la porte d’une destinée qui ne se réduira pas à cette seule condition d’athlète de haut niveau. Fils d’un prof d’aïkido qui enroulait les manivelles en amateur et d’une actrice passionnée de théâtre, il conçoit la vie comme une quête d’horizons de plus en plus larges et colorés.

Dans les chambrées de la Grande Boucle, le Normand (né à Paris et établi en région lyonnaise) ne perd rien des secrets du carnet de route et des vérités, fugaces et aléatoires, des classements de la course, mais son esprit d’universitaire, diplômé en philosophie, se nourrit d’autres lectures. Des ouvrages tout aussi tortueux parfois qu’un road book mais qu’il veut « picorer », sans s’enfermer dans la moindre logique linéaire. S’il ne dissimule pas l’étiquette d’ « intello du peloton » sous son maillot bleuté (son mémoire en philo est intitulé « Le sport moderne : une mise en application de la philosophie nietzschéenne ? »), il refuse toutefois de se laisser enfermer dans ce rôle réducteur, qui étoufferait forcément ses aspirations de liberté.

À 25 ans, Guillaume Martin peut légitimement rêver du maillot blanc, fin juillet dans les rues de Paris. Mais il n’est plus ce néophyte du Tour qui ouvre yeux, oreilles et poumons au maximum afin d’emmagasiner toutes les infos, « je sais surtout que j’ai progressé ces derniers mois. »

Objectif top 15

Vingt-troisième du classement final en 2017 (avec une 3e place dans l’étape des Rousses), le grimpeur de l’équipe Wanty-Groupe Gobert veut évidemment faire mieux, titiller le top 15 par exemple, une évolution logique « puisque je me sens meilleur, plus fort, dans plusieurs domaines d’expression de mon métier. » Et comme la pression ne le sclérose pas, « elle me booste », on est enclin à l’accompagner sur les pentes de sa progression. « L’été dernier, j’avais senti, en troisième semaine surtout, que j’accusais encore des faiblesses physiques par rapport aux meilleurs du lot. Depuis lors, je suis devenu plus régulier au haut niveau, je suis en mesure d’enchaîner les efforts avec les ténors jusque dans les derniers hectomètres des cols. »

A preuve, cette douzième place finale au bout du Dauphiné, qui a fortifié ses certitudes, sans provoquer d’aveuglement. Le protégé de Jean-François Bourlart (manager qui a cru en son potentiel alors que les équipes françaises étaient frileuses et construit de plus en plus son projet d’équipe autour de cet ancien lauréat de Liège-Bastogne-Liège espoirs) se méfiait ainsi de la première séquence du Tour, jusqu’aux pavés de Roubaix, comme un mineur d’un coup de grisou.

À l’heure d’aborder les Pyrénées, le Français est pointé en 17e position du général, à près de vingt minutes du maillot jaune. Il accuse un retard de 2’27 sur Pierre Latour, actuel propriétaire du maillot blanc. Ses objectifs (top 15 et classement des jeunes) restent de facto accessibles, alors que se dressent les cols pyrénéens.

Lauréat d’une étape et du classement final du Circuit de la Sarthe en avril, Guillaume Martin est volontiers comparé à son compatriote Romain Bardet, avec lequel il partage assurément une approche du métier à la fois méticuleuse et détachée. Il préfère en sourire, affirmant sous de discrètes lunettes une personnalité unique, en nuances.

Par Eric Clovio – Photo : Wanty-Groupe Gobert

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