Strade Bianche : Benoot s’offre une première de légende, Van Aert peut voir son avenir sur les classiques

La victoire de Tiesj Benoot, sa première parmi les professionnels, est donc bien de ces succès qui resteront longtemps dans les annales, vu les conditions météorologiques et l’audace affichée par le futur vainqueur.

Si la neige n’était pas présente pour refroidir un peu plus des coureurs déjà transis par le vortex polaire, la pluie qui embuait Sienne transformait les fameux Strade Bianchi en chemins boueux, renforçant le côté légendaire de cette classique d’un autre temps. La victoire de Tiesj Benoot (Lotto-Soudal), sa première parmi les professionnels, est donc bien de ces succès qui resteront longtemps dans les annales, vu les conditions météorologiques et l’audace affichée par le futur vainqueur. Derrière, le triple champion du monde de cyclo-cross Wout Van Aert (Crelan-Charles) sera également remarqué pour sa troisième place empochée au terme d’une course offensive.

La jeunesse belge au pouvoir ! Sur le podium de cette douzième édition du Strade Bianche, une des premières sous de telles conditions hivernales, deux coureurs de 23 ans venus du plat pays ont montré que ces routes boueuses rappelant les cyclo-cross d’une autre saison, leur permettent enfin de prendre leur essor. D’un côté, le triple champion du monde de cyclo-cross, justement, Wout Van Aert (Crelan-Charles). Invité de dernière minute, il y a moins d’un mois, alors qu’il était encore en train de célébrer son troisième tricot irisé dans les labourés, le coureur anversois avait fait de ce Strade Bianche l’un de ses tests idéaux en vue de son grand objectif de son premier printemps sur route, Paris-Roubaix.

Et il n’a pas manqué ce rendez-vous toscan, devenu un peu plus attendu par les fans de cyclo-cross au vu du vortex polaire qui a traversé l’Europe toute cette semaine. Certes, sa dextérité et sa technique sur le vélo n’allaient pas forcément l’aider à mieux attaquer, vu que les Strade Bianche se veulent tout de même roulant. Mais son explosivité pouvait clairement lui offrir de grandes chances de se placer aux avant-postes sur un tel profil vallonné, au kilométrage réduit par rapport aux classiques historiques du printemps. Décidé à suivre les favoris annoncés, Van Aert prenait ainsi la roue du dernier vainqueur de l’épreuve toscane Michal Kwiatkowski (Sky) dans le Monte Sante Marie, à près de 55 kilomètres du but, avant de sortir en solo pour rattraper le téméraire Romain Bardet (Ag2r-La Mondiale) après San Piero, à près de 35 kilomètres de l’arrivée. Le duo partait ainsi vers Sienne avec une bonne dose d’assurance au vu de la mésentente parmi les hommes forts du peloton.

De l’autre côté, un autre Belge se distinguait : Tiesj Benoot (Lotto-Soudal), leader annoncé d’une équipe en quête d’une classique printanière après deux ans de disette (NDLR : Jens Debusschere sur À Travers la Flandre en 2016). Alors que le groupe de Kwiatkowski et Van Aert prenait le large à Monte Sante Marie, le jeune espoir gantois prenait ses responsabilités et profitait du contre de Zdenek Stybar (Quick Step Floors) pour déborder le champion tchèque et prendre place dans le groupe de tête. Le bon moment pour décanter. Une vingtaine de kilomètres plus loin, pendant que Van Aert et Bardet s’échangeaient des relais soutenus à l’avant de la course, Benoot décidait une nouvelle fois d’agir comme un leader, sortant en compagnie de Pieter Serry (Quick Step Floors) pour une poursuite à deux contre deux. À moins de vingt bornes du but, l’homme fort de la Loterie Nationale belge se voyait toutefois plus puissant que son homologue et prenait la décision de boucher en solitaire les 25 secondes le séparant du duo de tête.

« On a discuté avec mon directeur sportif car j’ai rapidement été seul, sans équipier, dans ce final. On a finalement décidé qu’il valait mieux que j’y aille seul et j’ai choisi l’avant-dernière section sur graviers pour revenir. Je savais qu’il restait ensuite un dernier mur pour lancer la bonne attaque », confirme Tiesj Benoot au terme de sa course. Après être rentré sur Bardet et Van Aert, le Gantois attaquait finalement sur Le Tolfe, une côte de 500 mètres avec une pente à 18 %. En puncheur, le Belge prenait le meilleur sur le grimpeur français et le champion du monde de cyclo-cross. « J’étais dans un super jour et j’ai pu le montrer. C’était une journée parfaite ». Car sur les dix dernières bornes, et malgré le dernier mur vers le centre historique de Sienne à grimper, Benoot tenait bon et avait même le temps de quelque peu nettoyer son maillot et de prendre très doucement les derniers virages pour célébrer sa toute première victoire professionnelle devant un public conquis. « En Belgique, les journalistes peuvent devenir fous dès qu’un jeune cycliste montre des résultats, cela met rapidement énormément de pression sur les épaules. Je savais que cette course me convenait bien et je voulais que ma première victoire soit une belle. Sans me mettre trop de pression, justement », lançait encore Benoot au terme de cette épreuve qui ouvre son palmarès.

https://twitter.com/wcstats/status/969947683841544192

Derrière, Romain Bardet attaquait dans le dernier mur pour s’assurer une deuxième place pendant que Wout Van Aert « Je suis arrivé un peu plus proche de la victoire que ce que je pensais au premier abord », confirme pour sa part Wout Van Aert au micro de Sporza. « Pour moi, un podium était clairement un objectif. J’espérais intérieurement faire encore mieux. […] Mais dans la dernière partie de la course, j’étais vraiment mort. Je suis parti assez loin de l’arrivée avec Bardet mais dans les quinze derniers kilomètres, je n’avais plus d’énergie et plus de ravitaillement. J’étais épuisé et je ne pensais plus qu’au podium ».

Van Aert peut donc être heureux de son entrée dans ce printemps des classiques après avoir joué les premiers rôles, une semaine plus tôt sur le Circuit Het Nieuwsblad, sur un autre terrain. « Je ne m’attendais pas à être aussi bien », explique-t-il encore. « Je vais d’abord profiter de cette place sur le podium. Pour le reste, on verra. J’ai déjà atteint un objectif. Les prochaines courses seront du bonus et de quoi apprendre pour le futur ». De quoi s’éviter une trop grande pression en vue de Paris-Roubaix et des prochaines classiques du calendrier. À 23 ans, tant Benoot que Van Aert ont encore beaucoup à apprendre. Mais ils ont déjà prouvé qu’il fallait compter sur eux sous peu. Avec un peu d’expérience en prime, ils seront encore plus souvent présents aux premières loges !

Résultats du Strade Bianche masculin (Sienne > Sienne, 184 km) :

Résultats du Strade Bianche féminin (Sienne > Sienne, 136 km) :

Photo : RCS Sport/LaPresse

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