Championnat de Belgique de cyclo-cross : du show des cadors néerlandophones, aux grises-mines des rouleurs wallons

On sait que le cyclo-cross n’est pas tellement prisé en Wallonie, les raisons en sont multiples. Pourtant, le potentiel et surtout la volonté est bien là, du côté des amateurs des sous-bois.

Des sacres, en veux-tu en voilà, pour les Van Aert, Cant, Aerts et autre Nys, dans les dunes de Coxyde. Mais pendant ce temps, il fallait relativiser en ce qui concerne les spécialistes des labourés du sud du pays. Certes, on sait que la discipline n’est pas tellement prisée en Wallonie, les raisons en sont multiples. Pourtant, le potentiel et surtout la volonté est bien là, du côté des amateurs des sous-bois.

Il était impossible de venir inquiéter, même de très loin, les vrais professionnels du cyclo-cross. Car en fait, les structures au nord de la Belgique n’ont absolument rien à voir avec les bonnes volontés du sud. Chercher la petite bête ne sert à rien, sans les volontés politiques, des fédérations et clubs, l’avenir du cross wallon ne trouvera pas d’issue. Nous en voulons pour preuve l’incapacité de développer une réelle structure du monde des labourés. Au départ de Coxyde, nous trouvions cinq coureurs francophones : Théo Kempinaire, débutant première année ; Philippe Fiévez, débutant seconde année ; Loïc Hennaux, chez les espoirs ; et les deux élites sans contrat, Julien Kaise et Vincent Oger. Le meilleur du week-end n’était autre que le plus jeune, Kempinaire qui s’octroyait une très belle 17ème place (sur 50 partants), dans un peloton particulièrement relevé. Ce fut nettement moins bon pour les autres représentants, Fiévez terminait 47ème, Kaise 35ème à cinq tours et Oger 41ème à sept tours de Wout Van Aert, et enfin Hennaux devait abandonner.

On sait qu’il est très difficile de faire mieux, dans des conditions environnementales peu enclines à la spécialité. Mais revenons sur Loïc Hennaux qui, tout en ne cherchant pas d’excuses à sa contre-performance, reconnaissait sa déception, mais surtout était tourné vers l’avenir. Manque de structures, manque de moyens, il faut donc faire avec ce qu’on a. Et pour le Namurois, qui aura 22 ans le mois prochain et est encore aux études (comptabilité en cours du soir), la situation n’est pas tenable. Certes, ses parents font tout ce qu’ils peuvent pour assurer au rejeton six mois de courses. Une saison coûte très cher, entre vélos, roues, pneumatiques, déplacements, véhicule… Les choses ne sont pas simples. Par contre, la force de caractère de la famille Hennaux vaut la peine qu’on s’y attarde quelque peu. Certes, les autres rouleurs sont confrontés aux mêmes problèmes, mais tout le monde n’a pas les mêmes moyens et les mêmes envies.

La formation d’une équipe devient primordiale

Aussi, Loïc Hennaux prend le taureau par les cornes, et voici quelques semaines a décidé de créer sa propre structure. Il n’est pas seul dans l’aventure, accompagné de ses parents, et d’un certain grand connaisseur de ce monde, Gérard Bulens, tout ce «petit» monde veut aller de l’avant. Les connaissances du consultant Proximus pour le cyclo-cross font que Loïc peut enfin voir l’avenir sous un autre œil. Création de l’équipe minimaliste, pour l’heure, Team Off Road Colnago voit le jour. Il roulait d’ailleurs avec son nouveau maillot sur les dunes de Coxyde. Un manager, un mécanicien-chauffeur-trésorier, une secrétaire et un… coureur, telle est l’enjeu pour la suite et fin de la saison. Grâce à Gérard Bulens, Loïc Hennaux peut compter sur un équipement sophistiqué et, ce qui ne gâte rien, offert. Ceci écrit, la famille a quand même dû se séparer de son mobile-home, et le remplacer par une petite camionnette. Pas aisé non plus pour les long déplacements, et les nuits.

Loïc Hennaux se veut plus positif que jamais : «Oui, ce n’est pas facile de concilier le sport et les études, sans avoir des facilités. C’est pourquoi ce projet ne s’inscrit pas uniquement pour ma personne, car je veux qu’il soit bénéfique aux autres coureurs. C’est une idée à long terme, avec pourquoi pas la venue d’autres coureurs wallons, comme mon ami Julien Kaise, mais aussi des rouleurs du nord, avec qui je m’entends bien. Nous devons aller de l’avant, et puisque la Fédération et les clubs sont plus tournés vers la route, il faut bien que quelqu’un s’engage à fond. Je veux que cette aventure puisse durer dans le temps. Je sais que je peux compter sur mes parents et sur Monsieur Bulens qui a une vision identique, pour faire progresser le cyclo-cross dans le sud du pays. C’est mon vœu le plus cher.»

Une idée qui devrait faire son chemin, car on sent toute la volonté de ce jeune cyclo-crossman, qui n’a certes pas d’exclusive.

Texte & Photo : Robert Genicot/CyclismeRevue

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