La Course by le Tour de France : les dames méritent bien leur Tour

Après deux éditions de La Course sur les Champs-Élysées, en prélude à la course masculine, l’épreuve féminine du Tour de France a pris de la hauteur cet été avec deux étapes au concept inédit.
Après deux éditions de La Course sur les Champs-Élysées, en prélude à la course masculine, l’épreuve féminine du Tour de France a pris de la hauteur cet été avec deux étapes au concept inédit. Les dames ont d’abord affronté une étape en ligne de taille, jusqu’au sommet de l’Izoard, avant une épreuve surprenante de poursuite individuelle autour de Marseille, deux jours plus tard. Le suspense n’était pas forcément présent en raison de la domination sans partage de la Néerlandaise Annemiek van Vleuten (Orica-Scott) mais les cyclistes ont prouvé qu’elle méritait bien un vrai Tour au féminin, à l’image du Giro Rosa.

Une courte étape de moins de 65 kilomètres vers le sommet de l’Izoard suivi d’une course-poursuite sur le tracé du contre-la-montre de Marseille, sur 22,5 kilomètres : voici les deux étapes auxquelles les dames ont eu droit cette année à l’occasion de La Course by le Tour de France, le pendant féminin de la Grande Boucle, organisé par Amaury Sport Organisation (ASO). Cela changeait enfin de la traditionnelle course en ligne prévue sur les Champs-Élysées, en prélude à la dernière étape du Tour masculin. Cette fois, il y avait un véritable challenge avec cette montée finale de l’Izoard qui a creusé les écarts. Annemiek van Vleuten (Orica-Scott) a rapidement écrasé ses rivales, en attaquant à quatre kilomètres du but, devançant Elizabeth Deignan (Boels-Dolmans) et Elisa Longo Borghini (Wiggle-High5) au sommet. Cette étape était toutefois la seule comptabilisée pour le classement de l’UCI WorldTour, qui définit les principales épreuves du calendrier féminin.

La deuxième étape, prévue deux jours plus tard à Marseille, se voulait en effet inédite. Il ne s’agissait pas d’un contre-la-montre individuel mais d’une course-poursuite. Van Vleuten s’élançait ainsi en première et devait terminer en tête au bout des 22,5 kilomètres de course, poursuivie par toutes ses adversaires. Deignan partait ainsi 43 secondes plus tard, soit le nombre de secondes concédées dans l’Izoard. Et ainsi de suite, soit 19 cyclistes parties dans une course surprenant, avec des tactiques différentes au fil des kilomètres. Deignan attendait ainsi Longo Borghini et son équipière Megan Guarnier (Boels-Dolmans) afin d’unir leurs forces derrière van Vleuten. Mais cela ne changeait pas forcément la physionomie de la course. La rouleuse van Vleuten s’imposait sans grande difficulté dans le stade Vélodrome de Marseille, pour un succès de prestige.

“Avant, ce n’était une course que pour les sprinters, et je pense que c’est très bien que les femmes puissent désormais montrer leurs qualités de grimpeur. Je pense que mon fichier sur Strava (cliquez ici) sur l’Izoard montre que les filles peuvent aussi être très rapides sur le vélo”, sourit Annemiek van Vleuten après son succès, avant d’évoquer cette fameuse poursuite. “Un des objectifs du cyclisme est d’amuser les gens, donc j’espère qu’ils pourront dire si c’était sympa ou pas de le refaire. Si vous me demandez, je dirais que ce serait aussi très très bien d’avoir une véritable course par étapes féminine sur le Tour de France”. Elle continue, sur la situation actuelle du cyclisme féminin : “C’est évidemment difficile car certaines femmes ne sont pas encore professionnelles à plein temps, et payées à plein temps. Certaines filles ne peuvent pas s’entraîner tout le temps. Le cyclisme féminin grandit. Et je pense que des choses comme cette course sur l’Izoard ou la couverture télévisée de notre sport peuvent permettre d’aider le cyclisme féminin”.

Car les dames manquent encore d’un véritable Tour de France féminin. Les organisateurs de la Route de France, disputé d’habitude en août, ont du mal à joindre les deux bouts et ne peuvent proposer un parcours aussi fascinant que celui du Tour de France, n’ayant pas les mêmes accès et le même prestige qu’ASO. Alors, si le principal organisateur française de courses cyclistes peut investir dans le cyclisme féminin, l’idée d’un Tour de France féminin peut enfin faire son chemin. Jusqu’ici, seul le Giro Rosa, le Tour d’Italie destiné aux dames, fait office de véritable Grand Tour dans le calendrier féminin, il est désormais temps que la France ait son pendant féminin du Tour de France.

Autre projet parallèle à La Course, neuf cyclistes réunies sous la bannière du groupe “Donnons des Elles au vélo” ont démontré durant trois semaines qu’elle pouvait également faire le Tour. Une journée avant ces messieurs, onze femmes ont pris leur vélo pour couvrir les 21 étapes du Tour de France 2017. Une aventure poignante pour ces cyclistes qui ont réussi l’exploit d’atteindre Paris, ce samedi, pour confirmer que les femmes également peuvent conclure trois semaines d’une Grande Boucle, et méritent également une meilleure exposition et une course par étapes digne du grand barnum qu’est le Tour. Les dames méritent bien plus que deux étapes, aussi prestigieuses soient elles !

Résultats de la 2e étape de La Course by le Tour de France (Marseille > Marseille, 22.5 km) :

1. Annemiek van Vleuten (P-B, Orica-Scott)
2. Elizabeth Deignan (G-B, Boels-Dolmans) à 1’52”
3. Elisa Longo Borghini (Ita, Wiggle-High5)
4. Megan Guarnier (USA, Boels-Dolmans) à 3’00”
5. Amanda Spratt (Aus, Orica-Scott) à 3’26”
6. Shara Gillow (Aus, FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope) à 3’48”
7. Lauren Stephens (USA, Team Tibco-Silicon Valley Bank) à 3’53”
8. Katarzyna Niewiadoma (Pol, WM3 Pro Cycling) à 4’35”
9. Ashleigh Moolman-Pasio (Afs, Cervélo-Bigla)
10. Ana Christina Sanabria Sanchez (Col, Servetto Giusta) à 4’46”
11. Hanna Nilson (Suè, BTC City Ljubljana)
12. Sabrina Stultjens (P-B, Team Sunweb) à 5’09”
13. Pauline Ferrand-Prévot (Fra, Canyon SRAM)
14. Cecilie Uttrup Ludwig (Dan, Cervélo-Bigla)
15. Eri Yonamine (Jap, FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope) à 5’11”
16. Janneke Ensing (P-B, Alé Cipolli) à 5’13”
17. Leah Kirchmann (Can, Team Sunweb) à 5’44”
18. Karol-Ann Canuel (Can, Boels-Dolmans)
19. Ursa Pintar (Slo, BTC City Ljubljana)

Grégory Ienco – Photos : ASO/Bruno Bade et Thomas Maheux

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