Tour d’Italie : encore une fois, les motos ont faussé la course

Les dernières leçons sur les classiques flandriennes ces deux dernières années n’ont visiblement pas suffi : encore une fois, une moto de la caravane d’une course cycliste professionnelle de grande envergure a faussé la course en provoquant une chute qui a éliminé bon nombre de candidats à la victoire sur ce Giro.
Foto LaPresse – Gian Mattia D’Alberto 14/05/2017 Blockhaus Campobasso (Italia) Sport Ciclismo Giro d’Italia 2017 – 100a edizione – Tappa 9 – da Montenero di Bisaccia a Blockhaus – 152 km ( 94,4 miglia ) Nella foto:THOMAS Geraint ( GBR )( Team SKY ) Photo LaPresse – Gian Mattia D’Alberto May 14, 2017 Blockhaus Campobasso ( Italy ) Sport Cycling Giro d’Italia 2017 – 100th edition – Stage 9 – Montenero di Bisaccia to Blockhaus – 152 km ( 94,4 miles ) In the pic: THOMAS Geraint ( GBR )( Team SKY )
Les dernières leçons sur les classiques flandriennes ces deux dernières années n’ont visiblement pas suffi : encore une fois, une moto de la caravane d’une course cycliste professionnelle de grande envergure a faussé la course en provoquant une chute qui a éliminé bon nombre de candidats à la victoire sur ce Giro. Geraint Thomas, Mikel Landa (Sky), Adam Yates (Orica-Scott) et Wilco Kelderman (Sunweb) ont été les principales victimes d’un motard de la police qui a cru bon de s’arrêter sur la route, trop près des coureurs roulant à toute allure à l’entrée du Blockhaus. La faute n’incombe pas aux coureurs, la faute vient une nouvelle fois d’une organisation et de commissaires qui doivent se montrer encore plus sévères envers ces conducteurs qui ne se rendent pas compte du danger qu’ils représentent.

Le cyclisme est un sport dangereux. Chaque jour, la colonne des faits divers aux quatre coins du monde rappelle ce fait, aussi rude soit-il pour tout supporter de la Petite reine. Et le monde professionnel n’échappe pas à cette cruauté. Kristof Goddaert, Antoine Demoitié, Michele Scarponi et bien d’autres ne peuvent malheureusement plus en témoigner… Que ce soit à l’entraînement ou en course, le danger motorisé est partout pour le cycliste qui n’a que son corps et son casque pour le protéger d’un éventuel choc. Pas d’air-bags ni de veste de protection pour encaisser les coups. Il est temps que les autres usagers de la route le comprennent. Encore plus sur des courses amateurs et professionnelles, sur lesquels des dizaines de coureurs accélèrent, ralentissent, foncent à toute allure sur des espaces étroits pour se placer aux avant-postes. La gymnastique est déjà délicate lorsqu’il faut slalomer entre deux coureurs à plus de 50 km/h, alors imaginez si une moto ou une voiture viennent réduire l’espace déjà restreint.

C’est exactement ce qu’il s’est passé ce dimanche dans le final de la neuvième étape du Tour d’Italie. Alors que les Movistar lançaient la grande bataille à moins d’un kilomètre de l’entame du Blockhaus, deuxième grand sommet de ce centième Giro, le Néerlandais Wilco Kelderman (Sunweb), remonté par ses équipiers, se retrouvait déstabilisé par une moto des Carabineri, maladroitement arrêtée sur le côté gauche de la route, trop proche du peloton fonçant à plus de 45 km/h sur cette portion de la route. Kelderman chutait lourdement, sous les yeux d’un Tom Dumoulin entendant le bruit de l’embardée de son équipier. Le Néerlandais emmenait dans sa roue une quinzaine de coureurs dont les favoris de la Sky Geraint Thomas et Mikel Landa, ou encore le leader d’Orica-Scott Adam Yates. Un sacré coup dur pour ces coureurs qui espéraient batailler pour le maillot rose sur les pentes de Chieti.

Cette chute ne coupait toutefois pas les espoirs de la Movistar qui poursuivait son effort, avec le consentement de l’organisation, qui n’indiquait aucune neutralisation malgré cette erreur manifeste d’un motard en première ligne de la course. Une faute humaine, qui aurait pu avoir des conséquences bien plus graves. Kelderman, victime d’une fracture de l’index, a dû se retirer de l’épreuve, alors que Thomas et Yates sont repartis avec plus de cinq minutes de retard, et plus de vingt-cinq minutes pour Landa. Sans compter les diverses blessures des coureurs tombés comme des dominos… Rien de “mortel”, heureusement, mais la sanction est radicale pour ces coureurs qui espéraient jouer le maillot rose à armes égales.

L’organisation du Giro n’a donc rien dit. Ou du moins a fait comme si rien ne s’était passé. Sur le flux Twitter de l’épreuve, la chute est simplement mentionnée comme une simple chute, comme si elle était un fait de course, à l’image d’autres embardées dont les coureurs sont la cause. Mauro Vegni, le directeur de course, a affirmé en conférence de presse qu’il s’agissait juste “d’un incident dans le feu de l’action”. Il reconnaît que “la moto de police n’aurait pas dû être là”, sans plus. “Neutraliser la course à ce moment-là ? Impossible. C’est vraiment triste pour le Giro de perdre Thomas, Landa, Kelderman, Yates. C’est un lourd prix à payer”. Un lourd prix que l’organisation ne remboursera visiblement pas.

Le débat sur la neutralisation de la course a directement été relancé après cet incident. Entre les partisans d’un arrêt provisoire de la course, comme le directeur sportif d’Orica-Scott Matt White, et ceux contre cette interruption, comme le directeur sportif de la BMC Max Sciandri ou le vainqueur d’étape Nairo Quintana, les réseaux sociaux ont chauffé… Pourtant, sur le Tour de France 2015, alors que William Bonnet chutait lourdement avec le maillot jaune Fabian Cancellara sur la descente vers Andenne, sur l’étape arrivant sur le Mur de Huy, l’organisation avait directement décidé de neutraliser la course. La décision se doit d’être rapide et ferme. Christian Prudhomme et son équipe avaient cette fois montré la voie à suivre. Le Giro, lui, ne sortira pas grandi après ce nouvel épisode d’une faillite au niveau de l’organisation… En effet, aucune sanction n’a été annoncée officiellement à l’encontre de ce motard qui a bouleversé le classement général.

Grégory Ienco – Photos : Gian Mattia D’Alberto/LaPresse/RCS Sport – BettiniPhoto/Movistar

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