Andrea Tafi et Davide Rebellin ont une équipe : les papys font de la résistance

Andrea Tafi et Davide Rebellin ont des ambitions différentes mais toujours la même envie pour le vélo. Une dangereuse envie ?
Montage - Davide Rebellin et Andrea Tafi
Montage – Davide Rebellin et Andrea Tafi

L’un fête ses 52 ans et souhaite retourner sur les pavés de Paris-Roubaix vingt ans après son succès sur le vélodrome roubaisien. L’autre a 47 ans et souhaite entamer sa 27e saison dans le peloton professionnel dans une nouvelle équipe. Andrea Tafi et Davide Rebellin ont des ambitions différentes mais toujours la même envie pour le vélo. Une dangereuse envie ?

Les coureurs de plus de 40 ans dans le peloton cycliste professionnel deviendraient-ils bientôt la norme ? On en est encore loin, ils ne sont actuellement qu’une vingtaine au-dessus de la quarantaine à se tirer la bourre régulièrement sur les courses au niveau continental. Bien loin des milliers de coureurs référencés sur l’ensemble de la saison sur les cinq continents répertoriés par l’Union Cycliste Internationale. Mais deux coureurs bien connus par les plus de trente ans continuent d’enchaîner les kilomètres, sans s’interroger sur leur niveau ni leur âge avancé. Un coureur a beau s’arrêter bien avant ses 40 ans, généralement, Andrea Tafi et Davide Rebellin comptent eux prouver que les années n’altèrent pas les performances. Du moins, certaines performances. Et à des niveaux divers entre ces deux anciens concurrents.

Andrea Tafi ne rêve que du pavé

Andrea Tafi a commencé sa carrière en 1988 chez Eurocar, à l’âge de 21 ans, mais a dû attendre la trentaine pour enchaîner les classiques, remportant le Tour de Lombardie en 1996, Paris-Roubaix en 1999, Paris-Tours en 2000 ou encore le Tour des Flandres en 2002. Il terminait encore 5e de Paris-Roubaix en 2003, deux ans avant de tirer sa révérence sous le maillot de la Saunier Duval. Mais treize ans plus tard, le Toscan veut ré-épingler un dossard dans le dos. Non pas pour une saison complète mais pour une seule course : Paris-Roubaix, la course de ses rêves, celle qu’il a remporté en 1999 dans son maillot tricolore de champion d’Italie. L’ancien coureur avait déjà annoncé ses plans dans le quotidien italien La Gazzetta dello Sport voici trois semaines, il a précisé ce jeudi dans le quotidien belge Het Laatste Nieuws qu’il était bien en contacts avancés avec une équipe pour lui permettre de disputer l’Enfer du Nord la saison prochaine.

Et il l’affirme : il ne s’agit pas d’un simple rêve. Tafi est prêt à faire tous les sacrifices qu’il a acceptés durant 17 ans. “Ces trois dernières années, j’ai été tous les jours sur mon vélo”, lance-t-il. “Je veux montrer que même à 52 ans, vous pouvez toujours faire quelque chose de spécial avec votre corps. Je veux écrire une grande histoire. Je veux également montrer ô combien le cyclisme a changé par rapport à mes années”. Andrea Tafi continue ainsi de rouler sur des courses cyclistes amateurs, terminant notamment 37e de Debrecen-Ibrany, une épreuve de 160 kilomètres en Hongrie, disputée à une moyenne de plus de 48 km/h. L’Italien, revenu à un poids de 79 kg (soit celui qui lui avait permis de décrocher le pavé roubaisien en 1999), se dit donc qu’il peut tenir le rythme. Et gagner ? “Tout le monde me dit que je suis fou. Je ne le pense pas. Je suis mon cœur. Je sais à quel point c’est difficile. Mais je veux aussi voir où se situent mes limites. Vous n’allez pas m’entendre dire que je vais finir à telle ou telle place. Je ne suis pas un hypocrite. Je vais m’entraîner, et voir ce qu’il en ressort. Ces prochains mois vont être très difficiles. Mais je veux absolument le faire”, confirme-t-il.

Ce ne sera pas chez Quick Step

Andrea Tafi a en tout cas réalisé toutes les démarches nécessaires pour poursuivre son objectif. Il va repasser au centre Mapei, comme vingt ans auparavant, pour réaliser des tests physiques afin de déterminer son niveau. Il s’est déjà enregistré auprès de l’Union Cycliste Internationale (UCI) afin d’être inclus dans le système ADAMS, et afin de passer les tests urinaires et sanguins nécessaires à la mise en place de son passeport biologique. Il a également conversé avec plusieurs dirigeants pour obtenir un contrat d’un jour. S’il a discuté avec Patrick Lefevere, son ancien manager chez Mapei-Quick Step à l’époque, Andrea Tafi confirme qu’il a trouvé “une autre équipe” qui l’accepterait pour ce rendez-vous dominical. “Je ne peux juste pas encore dire laquelle”.

Davide Rebellin, 26 saisons au compteur

De cinq ans son cadet, Davide Rebellin ferait pour une fois bien jeune par rapport à son compatriote. À l’âge de 47 ans, le coureur de Vérone n’a lui jamais quitté les pelotons depuis 1992, si ce n’est lors de ses deux années de suspension pour prise d’EPO en 2009. Même si depuis deux saisons, le quadragénaire reste bien loin des radars, s’affichant dans des équipes continentales de troisième niveau, principalement sur les circuits asiatique et africain. En 2018, avec la formation belgo-algérienne Sovac-Natura4ever, Rebellin a obtenu une victoire d’étape sur le Tour d’Oran, en Algérie, qu’il a terminé à la deuxième place du général, et terminé notamment 32e du Tour de Belgique. Loin de ses meilleures prestations sur les classiques ardennaises.

Mais Davide Rebellin garde la passion et annonce au journaliste belge James Odvart qu’il a encore deux propositions pour poursuivre la saison prochaine. Il aura alors 48 ans et aura passé 27 ans dans le monde du cyclisme professionnel. “Le cyclisme, c’est ma vie, donc même si j’arrête ma carrière, je ferai toujours du vélo. Avec ma femme, nous sommes heureux comme ça“, confiait-il à la RTBF en mai dernier. Et rien ne semble l’arrêter, tant que des équipes continueront à lui offrir un contrat. Une longévité difficile à saluer vu les déboires de Vénitien par le passé. Ses derniers résultats tendent toutefois à confirmer qu’aujourd’hui, Rebellin roule pour le plaisir. Il reste toutefois à espérer que les dirigeants qui l’engagent jusqu’aujourd’hui ne sucrent pas la place d’un espoir pour s’assurer la publicité du vétéran italien. Le cyclisme a besoin d’une vision d’avenir, pas forcément de ressasser ses histoires du passé.

Photos : Wikimedia Commons/youkeys CC & Instagram Johan Musseeuw

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