Tour de France : un faux suspense autour de Froome et une course en demi-teinte des Belges

La 104e édition du Tour de France n’a pas accouché aussi rapidement que prévu d’un vainqueur. Il a fallu attendre le contre-la-montre de Marseille, la veille de la dernière étape, pour assurer à Chris Froome (Sky) un quatrième succès final.

La 104e édition du Tour de France n’a pas accouché aussi rapidement que prévu d’un vainqueur. Il a fallu attendre le contre-la-montre de Marseille, la veille de la dernière étape, pour assurer à Chris Froome (Sky) un quatrième succès final. Pourtant, le Britannique n’a pas forcément été inquiété. Ses rivaux ont eu de nombreuses occasions de le déposséder de son maillot jaune, mais personne n’a vraiment entrepris une tactique audacieuse sur le long terme pour surprendre le leader du classement général. Heureusement, les prochaines années s’annoncent plus intéressantes pour le spectacle au vu des jeunes pousses qui continuent de grandir dans la lutte pour la tunique jaune.

Marseille était le rendez-vous annoncé de Froome

Il y avait donc deux étapes alpestres pour essayer de surprendre Chris Froome après que le Britannique a tenu toutes les offensives des Ag2r-La Mondiale, de Fabio Arù (Astana) et de Dan Martin (Quick Step) dans le Jura, les Pyrénées et le Massif Central. Certes, la parenthèse de Peyragudes, durant laquelle le triple vainqueur du Tour a perdu pied, a permis à Arù d’espérer un coup de fringale de Froome sur ce Tour. Mais le leader de la Sky est toujours resté aux avant-postes, sur toutes les étapes, même de transition, et a finalement confirmé que cette défaillance sur l’altiport pyrénéen n’était qu’un jour sans. Rien de plus. Car dans les Alpes, Froome a su répondre à toutes les offensives. Du moins, celles-ci ont été moins opportunistes que par le passé. En cette troisième semaine de course, les rivaux du Britannique ont semblé en-deça de leur niveau, éreintés par une course rapide de bout en bout. La preuve : ce Tour de France va se clôturer avec la deuxième moyenne la plus rapide de l’histoire, derrière l’édition 2005.

Chris Froome a donc tenu tête aux outsiders de ce Tour de France, assurant tranquillement jusqu’au sommet de l’Izoard, grâce à une équipe toujours bien en place jusqu’à… quatre kilomètres de l’arrivée. Les adversaires du Britannique espéraient-ils vraiment prendre plus d’une minute, voire plus, sur le leader sur ces quelques kilomètres ? Il fallait plutôt envisager des attaques anticipées, des offensives dans des cols plus éloignés de l’arrivée. Non, il a fallu attendre les quatre derniers kilomètres pour voir des attaques. Le contre-la-montre autour de Marseille s’annonçait du tout cuit pour Froome au vu de ces tactiques. Le Britannique n’a pas gagné le chrono mais a logiquement dominé tous ses rivaux au général. Le suspense était finalement de courte durée.

Bardet, Arù et Landa : rendez-vous en 2018

Les jeunes grimpeurs de ce Tour de France ont montré durant cette 104e édition qu’ils sont prêts à animer les étapes de montagne et à faire preuve de combativité quand ils le souhaitent, pour bousculer leurs adversaires. Ils doivent toutefois encore grandir l’année prochaine pour se rapprocher du maillot jaune et grimper d’un échelon : passer du statut d’outsider à celui de favori. Romain Bardet (Ag2r-La Mondiale) a ainsi montré qu’il pouvait être du niveau de Froome dans les cols mais il doit encore progresser en contre-la-montre. Car cette édition ne comptait que 38 kilomètres de contre-la-montre, alors imaginez sur une édition plus gourmande en chrono… Bardet doit aller encore plus loin dans ce domaine, car au niveau collectif, le coureur français a enfin une formation à sa mesure.

Fabio Arù (Astana) a pour sa part donné l’impression qu’il serait le principal protagoniste de ce Tour, face à Froome. Le champion d’Italie a toutefois pioché à la fin de la deuxième semaine et a depuis perdu du temps à chaque reprise. Le Sarde a semblé en forme trop tôt, et doit encore affiné sa condition sur trois semaines pour remporter un nouveau Grand Tour. Et ce pourrait bien être le Tour de France, s’il obtient enfin une véritable équipe à ses côtés.

Enfin, Mikel Landa (Sky) devrait bien quitter l’équipe de Chris Froome à la fin de la saison. Il reste encore à savoir quelle formation parviendra à obtenir le coureur espagnol durant ce mercato, mais en leader unique, il risque bien de devenir un adversaire costaud face à Froome et autres candidats pour le maillot jaune. Deuxième du Giro, quatrième du Tour de France, à chaque fois en jouant les équipiers de luxe, cela pèse dans un palmarès. Le grimpeur de 27 ans n’est en plus pas un manche sur le contre-la-montre, et il pourrait enfin être le successeur d’Alberto Contador dans le clan espagnol.

Des Belges offensifs mais pas en réussite

Avec 16 Belges au départ de ce Tour de France, le contingent le plus important depuis près de vingt ans, l’espoir de fêter une victoire noir-jaune-rouge sur ces routes. Malheureusement, cette édition 2017 restera sans le moindre succès belge. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Greg Van Avermaet (BMC) a terminé deuxième à Rodez, Jens Keukeleire (Orica-Scott) a terminé troisième à Salon-de-Provence… Les offensives ont été très nombreuses avec notamment Thomas De Gendt (Lotto-Soudal) qui a enchaîné onze échappées ou encore Tiesj Benoot (Lotto-Soudal) et Jan Bakelants (Ag2r-La Mondiale) qui ont été en vue à de nombreuses reprises. Mais les chances de succès n’ont pas été nombreuses pour ces coureurs belges qui n’ont pas démérité.

En outre, cette délégation belge ne bénéficiait pas de coureurs capables de jouer un rôle dans le classement général. Quelques-uns ont toutefois affiché de belles qualités dans la montagne et se sont rapprochés des meilleurs grâce à leurs nombreuses offensives. Ce fut ainsi le cas de Tiesj Benoot, à peine 23 ans, qui décroche une vingtième place au classement général du Tour de France, juste derrière le vétéran Serge Pauwels (Dimension Data). Et dans le Top 50, les Belges sont nombreux : Jan Bakelants, qui a tout de même travaillé pendant trois semaines pour Romain Bardet, se classe 22e, Thomas Degand (Wanty-Groupe Gobert) conclut son premier Tour à la 33e place et Thomas De Gendt a tout juste perdu une place et descendu à la 51e place suite à son travail pour André Greipel sur les Champs-Élysées. Une confirmation que les Belges se sont montrés. La victoire a toutefois manqué.

Classement général de la 104e édition du Tour de France :

1. Christopher Froome (G-B, Team Sky) en 86h20’55”
2. Rigoberto Uran (Col, Cannondale-Drapac) à 0’54”
3. Romain Bardet (Fra, Ag2r-La Mondiale) à 2’20”
4. Mikel Landa (Esp, Team Sky) à 2’21”
5. Fabio Arù (Ita, Astana Pro Team) à 3’05”
6. Daniel Martin (Irl, Quick Step Floors) à 4’42”
7. Simon Yates (G-B, Orica-Scott) à 6’14”
8. Louis Meintjes (Afs, UAE Team Emirates) à 8’20”
9. Alberto Contador (Esp, Trek-Segafredo) à 8’49”
10. Warren Barguil (Fra, Team Sunweb) à 9’25”

19. Serge Pauwels (Bel, Dimension Data) à 39’36”
20. Tiesj Benoot (Bel, Lotto-Soudal) à 42’04”
22. Jan Bakelants (Bel, Ag2r-La Mondiale) à 50’04”
34. Thomas Degand (Bel, Wanty-Groupe Gobert) à 1h34’02”
51. Thomas De Gendt (Bel, Lotto-Soudal) à 2h05’36”
58. Greg Van Avermaet (Bel, BMC Racing Team) à 2h19’14”
59. Jens Keukeleire (Bel, Orica-Scott) à 2h22’26”
63. Oliver Naesen (Bel, Ag2r-La Mondiale) à 2h28’02”
100. Pieter Vanspeybrouck (Bel, Wanty-Groupe Gobert) à 3h09’38”
132. Frederik Backaert (Bel, Wanty-Groupe Gobert) à 3h46’36”
136. Jürgen Roelandts (Bel, Lotto-Soudal) à 3h47’20”
139. Julien Vermote (Bel, Quick Step Floors) à 3h52’54”
147. Guillaume Van Keirsbulck (Bel, Wanty-Groupe Gobert) à 3h59’48”
163. Dimitri Claeys (Bel, Cofidis Solutions Crédits) à 4h25’01”

> Cliquez ici pour découvrir le classement général complet.

Les maillots distinctifs :

Classement par points – Maillot vert : Michael Matthews (Aus, Team Sunweb)

Classement du meilleur grimpeur – Maillot blanc à pois rouges : Warren Barguil (Fra, Team Sunweb)

Classement du meilleur jeune – Maillot blanc : Simon Yates (G-B, Orica-Scott)

Supercombatif du Tour : Warren Barguil (Fra, Team Sunweb)

Classement par équipes : Team Sky

Grégory Ienco – Photos : ASO/Tour de France/Alex Broadway, Bruno Bade, Thomas Maheux et Sarah Meyssonnier

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